révolte du papier timbré
dite aussi révolte des bonnets rouges
La
révolte du papier timbré fut l’une des plus sanglante de l’histoire de
période,
une nouvelle taxe sur tous les objets en étain qui mécontente les paysans aisés
et les cabaretiers (personne qui servait du vin au détail et donnait à manger
contre de l'argent) ; bien entendu
il répercute aussitôt les taxes avec une
forte hausse sur les prix des consommations. En Septembre 1674, la vente du
tabac est réservée exclusivement au roi qui prélève une taxe et en afferme la
vente. Les personnes autorisées à revendre le tabac (fermiers et commis)
rachètent les stocks aux commerçants qui en vendaient auparavant. La
réorganisation des circuits de vente entraîne une interruption temporaire de la
distribution de tabac ( à fumer et à chiquer ), d’où une autre source de
mécontentement, ce qui procure la haine des Bretons et qui les
poussent vers une révolte sanglante.
En
Bretagne les émeutes urbaines éclatent : les bureaux de papier timbré ou
de marquage de vaisselle en étain ²sont pillés et mis à sac ; un premier soulèvement a lieu à Rennes le 3
avril quand les habitants apprennent qu’une révolte éclate au sujet de la vente
du tabac et du marquage de l’étain ; ce jour là seul quelques bris de
verre aux fenêtres et jets de pierres ; mais le 18 avril à Rennes éclate une nouvelle
émeute ; ils s’en prennent à
plusieurs immeubles ou ils pénètrent et pillent, le vin, cidre, et tout le tabac et brûlent les cahiers des
registres du greffe. Ensuite direction le parlement où ils détruisent les
presses et pillent tout le papier et parchemin timbré ; cette série d’émeutes et de pillages a fait
une dizaine de morts et une cinquantaine de blessés ;
du 8 au
12 juin de nombreux mouvements ébranlent encore la ville. Dans ses rapports au roi,
le gouverneur de
Mi –juillet,
une seconde fois, le parlement est pillé
de ses papiers timbrés.
St Malo fut
assez calme « les terre-neuvas » MALOUINS étaient partis, ou sur le départ
des bans de morues à Terre-Neuve.
Dans le Finistère,
le tocsin sonne dans plusieurs communes
aux environs de Briec et les émeutiers s’en prennent aux nobles, les blessent, pillent et brûlent leurs maisons.
En basse
Bretagne la révolte gronde également et ils s’en prennent aux agents, aux prêtres suppôts
de la gabelle. Dans le pays du Poher, les villes non fortifiées sont attaquées et
pillées ; cette série de pillages est commandée dans cette région par un
notaire dénommé Sébastien le Balp ; avec plus de 600 bonnets rouges, le château de Tymeur est pillé de toutes ses
archives et papiers qu’ils brûlent ; le 3 septembre, l’investigateur Sébastien est tué par le
marquis de Montgaillard . Ils sont faits prisonniers ce qui met fin à la
rébellion dans cette région.
Louis
XIV met à la disposition du duc de Chaulnes, en août, 6 000 hommes de troupe et s’en suit les exécutions.
Les communautés villageoises sont sommées de livrer les meneurs sous peine de
représailles collectives ; les
cloches ayant sonné le tocsin sont déposées et plusieurs églises sont
décapitées avec interdiction de les remonter. Les principaux responsables sont
envoyés devant une commission extraordinaire du parlement ; les présidiaux
pouvant juger exceptionnellement en dernier ressort ; ce qui aboutit à de
rapides condamnations à mort. Dès octobre 1676, des condamnations aux galères
et à la peine de mort sont prononcées envers les responsables.
Le 12
octobre, le duc de Chaulnes entre à Rennes, avec 6 000 hommes, logés chez
l’habitant.
Le 3 mai, à Nantes, le marquis de Molac, gouverneur de la ville,
décrit dans une lettre « l'émotion populaire » comme l'une « des plus grandes
et des plus considérables qui se soient jamais faites dans la ville ». Le roi
réagit et y envoie des troupes armées, violant l'un des privilèges de la ville
qui l'exemptait du logement des gens de guerre. Une nouvelle flambée de colère
éclate, marquée par le siège du manoir épiscopal où se trouvait alors le duc de
Chaulnes, gouverneur de Bretagne. Lorsque les troupes se retirent, l'atmosphère
s'apaise un peu.
Outre la réduction au silence des États et du Parlement, la
reprise en main permet l'établissement d'une intendance de Bretagne.
Le code paysan
1.
Que lesdites 14 paroisses, unies ensemble pour la liberté
de la province, députeront 6 des plus notables de leurs paroisses aux Etats
prochains pour déduire les raisons de leur soulèvement, lesquels seront
défrayés aux dépends de leurs communautés qui leur fourniront à chacun un
bonnet et une camisole rouges, un haut-de-chausses bleu avec la veste et le
reste de l'équipage convenable à leur qualité.
2.
Qu'ils mettront les armes bas et cesseront tout acte
d'autorité jusqu'aux dits temps par une grâce spéciale qu'ils font aux
gentilshommes, qu'ils feront sommer de retourner dans leurs maisons de campagne
au plus tôt, faute de quoi ils seront déchûts de ladite grâce.
3.
Que défense soit faite de sonner le tocsin et de faire
assemblée d'hommes armés sans le consentement universel de ladite union, à
peine aux délinquants d'être pendus aux clochers.
4.
Que les droits de champart et corvée prétendus par lesdits
gentilshommes seront abolis comme violation de la liberté armorique.
5.
Que pour confirmer la paix et la concorde entre
gentilshommes et nobles habitants desdites paroisses, il se fera des mariages
entre eux, à condition que les filles nobles choisiront leur maris de condition
commune, qu'elles anobliront et leur postérité, qui partagera également les
biens de leurs successions.
6.
Il est défendu, à peine d'être passé par la fourche, de
donner retraite à
7.
Qu'il ne se lèvera pour tout droit, que 100 sols par
barrique de vins horet et un écu pour celui du cru de la province, à condition
que les hôtes et cabaretiers ne pourront vendre l'un que 5 sols et l'autre 3
sols la pinte.
8.
Que l'argent des fouages anciens sera employé pour acheter
du tabac qui sera distribué avec le pain béni, aux messes paroissiales, pour la
satisfaction des paroissiens.
9.
Que les recteurs, curés et prêtres seront gagés pour le
service de leurs paroissiens sans qu'ils puissent prétendre aucun droits de
dîme, novale, ni autre salaire pour leurs fonctions curiales.
10.
Que la justice sera exercée par des gens capables, choisis
par les nobles habitants, qui seront gagés ainsi que leurs greffiers sans
qu'ils puissent prétendre rien des parties pour leur vacations et que le papier
timbré sera en exécration à eux et à leur postérité pour ce que tous les actes
qui ont été passés seront écrits en autre papiers et seront par après brûlés
pour en effacer complètement la mémoire.
11.
Que la chasse sera défendue à qui que ce soit depuis le
premier jour de mars jusqu'à la mi-septembre. et que fuies et colombiers seront
rasés, et permis de tirer sur les pigeons en campagne.
12.
Qu'il sera loisible d'aller au moulin que l'on voudra et
que les meuniers seront contraints de rendre la farine au poids du blé.
13.
Que la ville de Quimper et autres adjacentes seront
contraintes par la force d'approuver et ratifier le présent règlement, à peine
d'être déclarées ennemis de la liberté armorique, et les habitants punis où ils
seront rencontrés; défense de leur porter aucune denrée ni marchandise jusqu'à
ce qu'ils aient satisfait, sous peine de torreben.
14.
Que le présent règlement sera lu et publié aux prônes des
grands messes et par tous les carrefours et aux paroisses et affixé aux croix
qui seront posées.
Signé:
Torreben et les habitants»